SOLO EXHIBITION

on the spot


MEDIA

ceramic, plaster, pigments, aluminum cast pot noodles, silica gel, rubber mats


VENUE

Laboratoire de la Création


LOCATION

Paris, France


DATES

February 27th
6pm - 10pm

















La sculpture comme ph(r)ase
L’installation comme conversation

Le geste sculptural de Vera Kox se définit par l’idée d’une « mise en relation ». Mise en relation d’éléments et matériaux hétérogènes entre eux, mise en relation de la sculpture constituée dans l’espace particulier d’un lieu, mise en relation des sculptures entre elles, et enfin, mise en relation de l’installation avec le corps du visiteur qui déambule. De la sculpture installée à l’installation sculpturale, ses œuvres éprouvent  les limites de l’unité autonome d’une forme (sculpture) et de son extension – parfois son éclatement - environnemental (l’installation) en faisant coexister les modes d’être et d’appréhension dans un entre-deux, fait de variables et de variations.

C’est la tendance des matériaux et la potentialité de leurs formes comme de leurs propriétés qui devient une matière première à la composition sculpturale. Les matériaux d’usine et les formes industrielles sont envisagés dans leur pure matérialité. Le référent au ready-made ou à l’objet quotidien déjà croisé au détour d’une rue n’est plus qu’un souvenir porté par la matière, qu’une empreinte rendue étrange et étrangère aux côtés des (in)formes texturés.
« on the spot », c’est une installation sculpturale qui apparaît littéralement « sur le champ » comme « sur place ». Si la phrase est faite de mots, l’œuvre de Vera Kox est faite de matériaux divers fonctionnant comme des unités de sens autonomes qui, à l’occasion d’un discours, se lient et s’allient, sur le vif, le temps d’une exposition qui l’énonce, avant de retrouver leur indépendance.

A l’inverse de la sculpture traditionnelle faite d’un bloc que l’on taille, la sculpture ici n’est pas, elle apparaît, se constitue au fil de son installation. Par rencontres, jonctions, et proximité des éléments qui s’additionnent jusqu’à parfois se fondre et se confondre en un volume. L’installation sculpturale se compose au fur et à mesure que les fragments s’accolent, d’espaces en densités de matière. Elle est une proposition, un équilibre prêt à se rompre. Matière et forme flirtent avec la contradiction dans la rencontre oxymorique de matériaux dont l’accord tacite est toujours précaire. La forme de l’œuvre n’adviendra qu’au moment de sa consolidation et ses contours ne seront déterminés qu’au gré de l’artiste et de son regard.

Les coulées de plâtre viennent ancrer la composition et son ultime unité dans le présent. Un présent incarné, corporel, en proie à la gravité et la pesanteur. Le plâtre  « présentifie ». Il est ce qui installe les éléments « sur place », dans un lieu particulier et pour un temps nécessairement déterminé puisque son existence est, par essence, contextuelle.

Pour Le Laboratoire de la Création, le titre de l’œuvre fait référence non pas tant à la pièce elle-même, dont certains matériaux ont déjà dialogué ensemble pour des expositions antérieures, qu’à la brièveté de son ancrage dans un lieu, renouvelant son identité d’œuvre unique, spécifique et éphémère. Mise en relation avec cet espace, avec lequel l’échange apparaît particulier et inhabituel, c’est sous l’éclairage des spots que le volume installé s’affirme comme sculptural.

Quatre heures, c’est le temps d’observer les matières et les textures se côtoyer et former cette œuvre aux multiples strates de temps. Nous assistons à une composition en cours d’affirmation, des matériaux en cours de conversation, une œuvre en cours d’exposition.

Maki Cappe